Différencier nos pulsions de nos besoins profonds: huitième étape vers la paix
Le système bien huilé de la surconsommation de masse a pour base et pilier principal notre incapacité à nous relier à nos besoins et à les accueillir. Il me serait beaucoup plus confortable d’affirmer que nous ne sommes que de pauvres victimes d’un racket organisé, que nous n’avons aucune responsabilité dans cette histoire de gaspillage grégaire, que nous sommes les gentils, et que les méchants sont tous ceux qui pratiquent sans vergogne un marketing de plus en plus agressif et abêtissant, et qui nous lobotomisent sournoisement, à petit feu, à l’insu de notre plein gré. Malheureusement pour mon petit confort, tout cela n’a rien à voir avec la réalité, en tout cas celle que je vois de ma fenêtre.
Ce que je vois?
Un banc de petit poissons (dont je fais partie…) qui se précipite sur un bel appât, sans se soucier du fil auquel est relié ce dernier.
Pourquoi sont-ils si pressés, ces petits poissons ?
…parce qu’il n’y a qu’un appât, qu’ils ont faim, et qu’ils sont mille (« serez-vous le premier à en profiter ? » « Attention, places limitées ! » « L’offre n’est valable que 48 heures ! »)
… parce que de voir cet appât a donné la parole à un endroit d’eux-mêmes qu’ils n’avaient pas vu, un endroit qui a faim, et qui veut être nourri, tout de suite, bref, un besoin vital qui appelle à être satisfait sans délai… et parce qu’on les invite à croire que le seul moyen de satisfaire ce besoin, c’est de mordre ! (« Peut-on envisager un repas sans Daboit ? » « Heureusement il y a Dinfus! » « Quand y’en a marre, y’a Mabalar ! » « Des pâtes, oui, mais des patati ! »)
…parce qu’on flatte leur ego en leur faisant miroiter que s’ils mordent, ils seront bien plus mieux bien que les autres petits poissons. (« Ne faites pas partie de ces gens idiots qui ne connaissent pas Topdutop ! » « Padutoc, pour ceux qui ont une vraie personnalité vraie »)
…parce qu’ils ont peur de passer à côté d’une super occasion de changer leur vie et de devenir des gens super chouettes (« Si vous voulez continuer à vous ratatiner dans votre coquille, si vous vous plaisez dans votre médiocrité, si vous n’avez pas envie de devenir qui vous êtes vraiment, surtout ne cliquez pas ICI » )
…et gros summum de l’hypnose, on va chercher tout au fond de leur manque de confiance en eux le petit sursaut de fierté qui va les faire mordre (« tout le monde ne peut pas profiter de cette offre. Pour en profiter, il faut vraiment prouver qu’on en veut ! Faites-vous partie de ces gens assez plus mieux bien pour avoir accès à mon top produit spécial VIP de qualité +++? Envoyez votre candidature en cliquant ICI » )
…tout cela sans parler des solutions miracles qu’on va adopter à la va-vite pour pallier à une situation de crise, sans prendre le temps d’aller visiter ce qui crie à l’intérieur.
Toutes ces stratégies que l’on choisit sans prendre le temps, je les appelle des stratégies « pompier ». Elles visent à nous sauver d’une situation douloureuse sans passer par la case « écoute ».
C’est notre cerveau reptilien, gardien de notre sécurité, qui nous dirige vers elles, fort heureusement d’ailleurs, car elles peuvent nous sauver la vie en cas de danger. Il n’est donc pas question de dénigrer ces stratégies, ni de chercher à les éradiquer de notre vie. Par contre, nous pouvons gagner beaucoup de temps et d’énergie, lorsque notre vie n’est pas en péril, à nous relier de manière consciente à nos besoins avant de prendre une décision.
Par exemple, si chaque fois qu’un conflit pointe son nez, ma réaction « pompier » est de fuir la relation, cela va me soulager à court terme, à chaque fois, mais je me retrouverai, inévitablement, dans des situations de conflit.
Mais alors…
Comment différencier une stratégie « pompier » d’une stratégie qui soit vraiment alignée avec nos besoins ?