Archive from février, 2017

Vivre l’insouciance MAINTENANT

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-Maman, ça te dit, on fait un gâteau toutes les deux?

-Oh, j’adorerais! ça va m’aider à lâcher un peu la pression… je finis ce dossier, j’en ai pour une demi-heure, après, on fait un gâteau.

Une demi-heure plus tard…

-Alors, on fait un gâteau?

-J’arrive, ma puce. On le fait vite fait, parce qu’après il faut que j’aille chercher ton frère à la piscine, et tu te rappelles que ce soir tes cousins arrivent, je dois ranger la maison…

Je pense que vous voyez où je veux en venir avec ce petit dialogue…

On a tendance à croire que ce qui nous empêche de vivre l’insouciance est notre emploi du temps trop chargé… Même si effectivement le fait de surcharger notre agenda influe sur notre état de stress, ce qui finalement a le plus d’impact réside dans notre manière d’être dans l’action.

On peut, en effet, à la fois être dans l’action et dans l’insouciance.  Il y a peu, alors qu’au volant de ma voiture, je pensais aux multiples tâches qui m’attendaient, et cette pensée venait me vriller le ventre d’un nœud d’angoisse. Je me suis dit:

« Quand je serai en train d’accomplir telle ou telle chose que j’ai à faire, je me sentirai tranquille, en fait. Il me suffit d’être réellement à ce que je fais pour me sentir légère et insouciante. »

Alors pourquoi ce nœud?

J’ai compris que le stress, l’angoisse, n’étaient que la conséquence d’une déconnexion: au lieu d’être pleinement à ce que je fais, je suis en train de penser à ce que j’aurai à faire ensuite, à tout ce qui me reste à faire, à tout ce que je n’ai pas encore fait, à ce que j’aurais dû faire, etc, etc.

Autrement dit, pour vivre l’insouciance au quotidien, il me suffit d’être pleinement à ce que je suis en train de vivre.

C’est pourquoi, au volant de ma voiture, je me suis finalement contentée d’être… au volant de ma voiture. Écoutant mon intérieur, appréciant la lumière, respirant calmement l’instant…

Cela peut paraître simple et facile de cultiver la présence à soi, mais pour la plupart d’entre nous, l’éducation que nous avons reçue ne nous a pas encouragés dans cette voie. C’est pourquoi nous pouvons nous appuyer sur des pratiques et des rituels qui nous aideront à vivre pleinement, et à respirer l’insouciance au quotidien.

Dans un prochain article, je ferai une petite liste de suggestions de pratiques pour rester à l’écoute de soi au quotidien.

Vous pouvez m’y aider en me laissant en commentaire votre rituel ou votre pratique de prédilection!

Au plaisir de vous lire,

La Fannette

 

 

 

 

 

 

 

 

fév 11, 2017 - expérience    2 Comments

Dialogue avec mon ((très) futur) arrière-petit-fils

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-Nanette ?

-Oui mon chéri ?

-Louna elle dit qu’avant, il y a très longtemps, on n’avait de l’argent que si on travaillait. Hein c’est pas vrai ?

-Si, c’est vrai.

-Mais non, Nanette, c’est pas possible ! Ça voudrait dire que si on voulait s’arrêter de travailler un an ou deux pour voyager, ou pour écrire un livre, ou pour apprendre de nouvelles choses, on gagnait rien, pas de sous, on pouvait pas s’acheter à manger ?

-C’est ça. Bon, il y avait des aides. Mais pour bénéficier des aides, il fallait prouver qu’on n’était pas capable de travailler, ou bien qu’on cherchait activement du travail. Souvent, les personnes qui gagnaient de l’argent sans travailler étaient mal vues. On cherchait à les faire culpabiliser.

-Mais Nanette, c’est pas possible ! C’est pas juste! Ça veut dire que les gens, ils travaillaient parce qu’ils étaient obligés de le faire !

-Pour beaucoup, oui.

-Mais ça veut dire qu’ils travaillaient pas pour le plaisir ? Ils travaillaient pour gagner de l’argent pour pouvoir manger, payer leur loyer, et tout ?

-Oui. Ça te choque ?

-Je peux même pas le croire. Ça me fait un truc dans le ventre, tu peux pas savoir.

-Si, mon chéri. Je crois que je sais ce que tu ressens : une boule dans le ventre, une peur, une sorte d’insécurité qui te prend parfois quand tu te laisses aller à des idées effrayantes comme : et si je perdais mon travail ?

-En fait, si on n’avait pas de travail, la peur arrivait, c’était une peur… comment dire… une peur de survie ! Ça c’est une grosse peur !

-Oui, tu as tout compris, mon grand. Cette grosse peur nous faisait parfois faire de grosses bêtises, comme de faire un travail qui nous rapportait des sous mais aucun plaisir, et qui petit à petit nous rendait maussades, parfois même malades.

-Mais c’est pas juste ! Parce que si tu arrêtais un travail qui te rendait malheureuse, tu avais peur de plus rien avoir !

-Oui, c’était plus difficile qu’aujourd’hui de quitter un travail. Mais on le faisait quand même ; on s’efforçait d’avoir confiance en la vie, et quand on avait confiance, souvent, on trouvait autre chose, de plus épanouissant. Mais ça, c’était quand on avait réussi à calmer ses grosses peurs.

-Alors les gens qui n’arrivaient pas à calmer leur peur, on pouvait leur faire faire tout ce qu’on voulait…

-Oui, la peur était un levier très puissant à cette époque. Il y avait une sorte de chantage : si tu n’étais pas content de ton travail, tu n’avais qu’à partir, d’autres seraient contents de prendre ta place. Si tu n’étais pas satisfait de ton salaire, même chose. On faisait croire aux gens que sans leur travail, ils n’étaient rien. Alors beaucoup étaient prêts à tout pour conserver leur poste. Parfois, ils allaient jusqu’au burn-out.

-C’est quoi le beurre naoute ?

-C’était une maladie liée au travail : quand une personne faisait tout ce qu’elle pouvait pour bien travailler, et qu’on lui disait que ce n’était pas suffisant, et qu’elle le croyait, et qu’elle finissait par dépasser ses limites pendant trop longtemps… elle craquait.

-Mais c’est pas croyable. Et de travailler pour l’argent, d’avoir peur de perdre son travail, de le faire sans plaisir, et tout, c’était un truc normal ?

-Oui, pour beaucoup d’entre nous, ça paraissait normal. On parlait du chômage aux enfants, dès le collège, on leur disait que s’ils ne travaillaient pas bien, ils ne trouveraient pas de travail intéressant.

-Tu veux dire que les enfants, ils travaillaient à l’école non pas pour le plaisir d’apprendre, mais parce qu’ils avaient peur, eux aussi ? Ils avaient peur de ne pas trouver du travail quand ils seraient adultes ?

-En gros, oui. Dès l’enfance, on pensait au chômage.

-C’est quoi en fait, le chaud mage ?

-Être au chômage, c’était ne pas avoir de travail. Comme le travail était une source de revenus, on se le disputait, il n’y en avait pas pour tout le monde. Depuis que le revenu universel est arrivé, le travail est mieux réparti, et c’est devenu un choix, non plus une obligation vitale ; on ne parle plus de chômage, maintenant.

-Mais du coup, s’il fallait travailler tout le temps pour se nourrir, on n’avait pas le temps de faire du bénévolat, de la coopération, du woofing, et tout ?

-Si, certains en faisaient, mais pour la plupart, c’étaient les jeunes qui n’avaient pas encore fondé de famille, ou bien les retraités. Mais cela n’avait rien à voir avec aujourd’hui : je vois bien que maintenant, les activités solidaires ont beaucoup plus d’importance dans la vie des gens. La valeur coopération a remplacé la valeur travail.

-Mais Nanette, comment vous avez réussi à changer les choses, les vieux de ton époque et toi ?

-Entre la peur et la confiance, petit à petit, on a été une majorité à choisir la confiance. Et puis, on a eu un choix collectif à faire : des élections. D’un côté, on avait quelqu’un qui nous proposait de continuer à avoir peur : peur de manquer, peur des autres, peur de partager… de l’autre, un candidat nous invitait à lâcher nos défenses, à avoir confiance en nos ressources intérieures, en notre créativité, en l’autre, en la vie. Et on a fait le bon choix.

-Tu sais quoi ? Je suis bien content que vous ayez changé les choses. Je te remercie. Et je remercie tous les vieux de ton époque, aussi. Tu leur diras ?

-Promis.