Archive from octobre, 2016

Les petits jeux de l’ego: 2- critiquer, juger, étiqueter…

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  • Très pratique, le jugement permet de dénigrer chez les autres ce que l’on ne veut pas voir chez soi. Ne voir qu’à l’extérieur les défauts insupportables fait partie des stratégies préférées de l’ego pour fuir l’introspection et la prise de responsabilité. Et plus l’ego s’insurge contre telle abomination extérieure, plus il nourrit l’illusion qu’il est indemne de ce qu’il condamne.

Maintenant que nous l’avons vu venir, avec ses gros sabots, nous sommes prévenus:

-Je critique et condamne avec virulence toute forme de violence? Il serait peut-être temps pour moi d’accueillir ma propre violence, avant qu’elle ne s’exprime à mes dépens.

-Je ne supporte pas les personnes qui se mettent en avant à la moindre occasion, cela me fait bondir, et frémir d’agacement? Il n’y aurait pas, à l’intérieur de moi, une part qui cherche la reconnaissance des autres? Quand j’aurai vu et accepté cette part, elle ne cherchera plus la reconnaissance de manière insidieuse. Elle s’exprimera au grand jour, avec simplicité.

-Je déteste tel ou tel côté de mon compagnon, de ma compagne? Sur quelle part de moi ce qui m’agace fait-il miroir?

Pour aller plus loin sur ce point, vous pouvez lire cet article.

 

  • Le jugement nous permet également de fuir la responsabilité de nos ressentis, en nous donnant l’illusion que c’est l’autre qui a un problème.

Mais le problème, justement, c’est que si l’on reste sur le plan du jugement, on n’a aucune prise sur ce qui arrive. C’est l’autre, le « manipulateur », le « menteur », le « lâche », qui nous fait subir les conséquences de ses tares.

Prenons un exemple:

L’ami d’Emilie lui a dit qu’il ne pourrait pas la voir ce soir-là, parce qu’il avait du travail. Or, en marchant dans la rue, elle l’a aperçu dans un café, attablé avec une autre fille.

Si Emilie laisse son ego gérer le problème, voici ce que cela peut donner:

« Quel menteur! Il m’a manipulée! Il m’a trahie! Il n’est pas digne de ma confiance! » Emilie est une victime, son ami est un gros méchant qui a le pouvoir de la rendre malheureuse, elle ne fera plus confiance à un homme, la page est tournée.

Si elle choisit de se relier à son ressenti:

« Je n’en reviens pas! Je suis abasourdie! Je tombe des nues! J’ai une grosse boule dans la gorge et j’ai envie de pleurer! J’ai peur… j’ai besoin d’être rassurée sur la réciprocité de notre lien. » A partir de la connexion à ses besoins, Emilie reste dans son pouvoir, elle va se donner les moyens de clarifier la situation avec son ami.

 

  • Parfois, le jugement nous évite de prendre le risque d’évoluer ou de nous ouvrir.

Quand une personne prend le risque de vivre différemment, de sortir de sa zone de confort, on peut la dénigrer, de manière à mettre le couvercle sur la part de nous qui aimerait faire de même, et à nous rassurer sur le fait que nous avons bien raison de rester dans notre cocon. Là encore, l’ego est très performant pour trouver des étiquettes qui finissent par faire office de barrage à toute velléité d’ouverture.

C’est ainsi que:

Faire l’école à la maison, c’est du gros n’importe quoi,

être végétarien est dangereux,

faire du stop c’est de la folie,

… etc…

Donc, la prochaine fois que vous aurez un jugement sur une chose qui ne fait pas partie de votre quotidien (comme « regarder des émissions de téléréalité, c’est de la lobotomisation consentie »), demandez-vous:

de quoi est-ce que je me protège en cultivant ce jugement ?

 

à bientôt pour un nouveau petit jeu de l’ego !

N’hésitez pas à laisser un commentaire !

La Fannette

 

 

 

 

Les petits jeux de l’ego: 1- vouloir avoir raison

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Cet article inaugure la série des « petits jeux de l’ego », dont le but est…

  • de mettre en lumière les stratégies qu’adopte notre adorable ego pour nous mener par le bout du nez,
  • de contrer ses tentatives tout en le rassurant.

 

Vouloir avoir raison…

quelle tentation ! Surtout quand on est persuadé jusqu’à la moelle que l’autre a tort!

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’avoir raison ou tort est un débat qui se situe uniquement sur le plan des croyances et de l’ego, et non pas sur le plan du vivant.

Souvent, l’enjeu n’a rien à voir avec le sujet du débat.

Prenons un exemple :

-Un débat oppose des parents, les uns sont persuadés que les punitions sont nécessaires, et au service des enfants, les autres affirment qu’elles ne font qu’humilier et abaisser, et ne résolvent rien.

Si l’on se place sur le plan des croyances et de l’ego, on peut argumenter très longuement, et finalement se sentir coupés les uns des autres. Si l’on choisir de se placer sur le plan du vivant, et donc d’exprimer ses sentiments et ses besoins, on peut se rejoindre.

Voici ce que cela pourrait donner, à partir de notre exemple:

1) Les personnes qui participent à l’échange se placent sur le plan de l’ego.

-Je n’arrive pas à comprendre que vous utilisiez la punition. De plus en plus d’études prouvent que c’est inutile et néfaste, et que les enfants sont plus enclins à coopérer quand ils se sentent respectés.

-Où veux-tu en venir? tu crois que je ne respecte pas mes enfants, parce que je leur mets des limites?

-En un sens, tu ne les respectes pas. La punition les humilie, et ne les met pas du tout en face de leur responsabilité.

-Et toi, tu crois que tu respectes tes enfants, en les laissant tout faire? Ils n’ont aucun cadre, franchement je les plains.

-Tu confonds punition et cadre. C’est complètement différent. Et tu vois bien que, contrairement aux tiens, mes enfants savent résoudre leurs conflits sans venir nous faire suer toutes les cinq minutes, comme les tiens.

etc, etc… jusqu’à la rupture.

La discussion va devenir de plus en plus aigre, surtout si on vient la pimenter avec des reproches et des accusations puisées dans des souvenirs forcément subjectifs. Résultat: les acteurs du dialogue se sentent coupés les uns des autres, en colère, et continuent de ruminer une fois la discussion close. Ils se voient comme des ennemis, posent des étiquettes les uns sur les autres (les laxistes et les violents).

2) Les personnes qui participent à la discussion se placent sur le plan du vivant (ce que j’observe, ce que je ressens ici et maintenant, les besoins que je sens vivants, l’ouverture à ce qui est vivant pour l’autre).

-Quand je te vois mettre ta fille au coin, vraiment je me sens triste, j’ai de la peine pour elle. C’est tellement important pour moi que chacun soit accueilli tel qu’il est, avec bienveillance. Comment tu prends ce que je te dis?

-Je suis archi vexée. Je fais tout mon possible pour éduquer ma fille selon mes valeurs, et quand tu me dis ça, justement, j’ai vraiment besoin d’être accueillie telle que je suis, avec bienveillance ! Est-ce que tu réalises que tu es en train de me juger?

-C’est difficile pour toi d’accueillir ce que je te dis ?

-Ben oui, tu juges ma façon d’éduquer ma fille, quand même ! J’aimerais bien t’y voir, toi, avec une gamine hyperactive qui fait bêtise sur bêtise !

-Tu aimerais que je prenne la mesure de ce que tu vis avec elle?

-Oui, j’aimerais bien, moi aussi, recevoir la bienveillance que je suis sensée toujours offrir à mes enfants. J’en peux plus, je suis au bout du rouleau, et pour moi, mettre ma fille au coin parce que je pète un câble devant ses déboires est un moindre mal, étant donné mon état intérieur. J’ai plus envie de me féliciter de ne pas l’avoir giflée, que de me blâmer de l’avoir punie, tu vois.

-Oui, en fait, pour toi la coupe est pleine, tu as un énorme besoin d’empathie?

-Carrément, je suis complètement à bout, et j’aimerais mieux des encouragements plutôt que des jugements!

etc, etc… jusqu’à la résolution.

On voit bien que l’ego n’est jamais loin, et tente de nous reprendre le jeu des mains… (surtout pour la personne qui a le plus besoin d’empathie). L’enjeu est justement de revenir, régulièrement, à l’ici et maintenant, ce qui est vivant pour moi, ce qui est vivant pour toi. Et très vite, on se rend compte qu’en face de soi, on n’a pas un ennemi, mais un être humain vulnérable, comme nous, qui a besoin d’être accueilli avec bienveillance, comme nous.

Bien sûr, tout n’est pas rose, le plan de la communication authentique n’est pas celui des bisounours. De même que ce qui est vivant n’est pas uniformément rose…

finalement, le choix devant lequel on se trouve est le suivant:

je préfère…

rester en lien avec une idée, ou rester en lien avec la vie ?

Que vous inspire cet article? N’hésitez pas à laisser un commentaire!

à bientôt,

La Fannette