Pourquoi certaines personnes seront toujours des victimes pendant que d’autres évolueront sans cesse
Cet article fait écho à mon tout premier article sur ce blog: Comment faire d’une épreuve l’occasion de rebondir. Car je vais vous parler des « épreuves », des « échecs », ou de nos « petits ennuis » et surtout de notre manière de les accueillir.
VERSION VICTIME
Il y a deux semaines, j’ai eu un accrochage. Une voiture s’est rabattue juste devant moi après m’avoir doublée (elle m’a fait une queue de poisson), puis a freiné brusquement. Pour éviter de lui rentrer dedans et par réflexe, je me suis déportée sur la gauche, et comme une autre voiture était en train de me doubler, il y a eu un gros bruit, mon rétroviseur a valsé, et j’ai dû m’arrêter sur le bas côté pour régler le problème avec l’automobiliste concerné par l’accrochage, pendant que la première voiture, celle qui avait freiné devant moi, prenait la poudre d’escampette.
J’ai bien conscience que si je raconte mon histoire de cette manière, en m’en tenant à cet unique épisode, il me sera facile de me faire plaindre et de faire entendre à quel point j’ai été victime d’une horrible injustice: je me suis retrouvée en tort, alors qu’une personne visiblement malveillante a fait exprès de me freiner devant, m’obligeant ainsi à choisir en un quart de seconde entre lui rentrer dedans et prendre le risque de me faire rentrer dedans, pauvre de moi, argh.
Quelle tentation: se raconter, et raconter à qui veut bien l’entendre qu’on nous veut du mal, qu’on n’y est pour rien, et se faire plaindre, et se faire prendre en charge par des âmes charitables, et s’imaginer que nous sommes dans le camp des victimes, des gentils, pendant que d’autres nous mangent la laine sur le dos, nous roulent dans la farine, nous carottent, nous sabotent, nous flouent, nous cassent la baraque.
Les médias nous aident à nous maintenir dans cet état d’esprit, en nous montrant des bouts d’histoires bien choisis, dans lesquels certains apparaissent comme des victimes, et les autres comme des bourreaux. Nous n’aurons qu’un petit bout d’histoire, et nous ne chercherons pas à en savoir plus, car il nous plaît de voir le monde séparé entre les gentils et les méchants, et de nous imaginer que nous faisons partie du premier camp.
Mais cette vision ne nous aidera pas à nous relever de nos échecs, ni à prendre notre vie en main, puisqu’elle nous maintient dans la croyance que nous n’avons aucune prise sur ce qui peut nous arriver : avec cet état d’esprit, nous sommes à la merci de toutes les éventualités.
VERSION RESPONSABLE
Ce qui peut nous aider à nous sentir responsables de ce qui nous arrive, et donc à retrouver notre pouvoir sur notre vie, c’est d’élargir notre vision et de considérer l’événement fâcheux comme faisant partie d’un ensemble cohérent.
Revenons à notre exemple, et voyons ce qui est arrivé quelques secondes auparavant.
J’étais moi-même sur la voie de gauche en train de dépasser, et derrière moi, un gros 4X4 noir me collait aux fesses. Il me collait tellement que je n’osais même pas freiner un petit coup pour lui faire comprendre qu’il était trop près, car j’imaginais qu’il allait immanquablement me rentrer dedans. Hargneuse mais polie, je lui ai adressé un signe pouvant être interprété comme suit: « non mais ça va pas la tête ? », puis je me suis rabattue, et quelques instants plus tard, il me faisait une queue de poisson. Scandalisée, j’ai voulu lui montrer à quel point je trouvais son procédé ignoble. Je lui ai donc fait un appel de phares. Et c’est à ce moment qu’il a pilé devant moi.
Il est vrai que dans mon premier récit, j’avais « omis » de préciser certains détails (les signes que j’ai envoyés à l’automobiliste), et ce sont précisément les détails dans lesquels on peut commencer à entrevoir ma responsabilité : je suis entrée dans le jeu de cette personne, et ce faisant j’ai eu affaire à ses propres règles du jeu. Il est clair que la queue de poisson puis le freinage brusque ont été des réactions à mes propres signes, et que quelque part, j’ai attiré à moi cet accrochage.
Il n’en reste pas moins qu’on peut de manière légitime considérer cet individu comme malveillant. Ce n’est pas parce que je prends la responsabilité de ce qui m’arrive, que tous les comportements sont excusables. Ceci dit, le fait que cette personne ait ou non des torts n’est pas tellement ce qui m’intéresse, ni ce qui va m’aider à évoluer.
Ce qui va m’aider à évoluer, c’est :
1- de réaliser qu’en entrant dans le jeu de cette personne, j’ai attiré à moi cet accrochage, qui a eu des répercussions financières importantes.
2- de me demander pourquoi j’ai attiré à moi cet événement.
Vous allez me dire: « Pourquoi faudrait-il qu’il y ait un sens à cet événement ? C’est arrivé, c’est tout. »
On peut en effet considérer que tout ce qui nous arrive n’a aucun sens. Cela ne nous empêchera pas de vivre. Une chose est sûre: parmi les personnes que je connais, celles qui m’inspirent le plus, celles qui paraissent le plus épanouies, sont celles qui ont appris à évoluer à partir de leurs erreurs.
Mon appui pour évoluer à partir de mes erreurs est donc de me poser cette question: « Pourquoi ai-je attiré à moi cet événement ? Quelle part de moi voit un avantage à cette nouvelle situation ? », puis de laisser venir la réponse, sans me creuser la tête.
Dans mon cas, cela n’a pas été trop compliqué…
Ma soeur m’avait proposé de me vendre sa voiture, me précisant que je pouvais lui faire l’offre de mon choix, et que cela lui était égal que le prix proposé n’atteigne pas la valeur de la voiture. Je lui avais fait une offre au téléphone, qu’elle avait accepté. La veille de l’accrochage, j’étais donc chez elle, et nous faisions la transaction. Pour des raisons d’organisation, nous n’avons pas fait les papiers tout de suite, et nous avons décidé qu’officiellement, elle me prêtait la voiture en attendant. Au moment de remplir mon chèque, je me suis sentie mal à l’aise: lorsque j’avais fait mon offre, je m’étais basée uniquement sur mon budget. Ayant vu la voiture, j’avais pris conscience qu’elle justifiait largement un petit effort de ma part… Donc, j’avais le stylo dans la main, je remplissais mon chèque, et ma petite voix me soufflait une somme, pendant que mon mental arguait que j’étais limitée, qu’il me fallait être raisonnable, que de toutes façons ma soeur ne manquait pas d’argent…
Vous devinez la suite: j’ai écouté mon mental. Je n’ai pas revu mon offre à la hausse. Mais la sensation de malaise est restée: il y avait quelque chose qui ne sonnait pas juste. Je suis repartie avec cette belle voiture et le malaise. Le lendemain, elle perdait de la valeur, et je perdais des sous :
Comme la voiture m’était officiellement prêtée, pour me faire rembourser les frais de réparation, il aurait fallu que je passe par l’assurance de ma soeur. Cela lui aurait occasionné un malus sur plusieurs années, puisque j’étais en tort. J’ai donc pris en charge les réparations (mon rétroviseur + le rétroviseur et la carrosserie d’une aile sur la voiture de l’autre automobiliste, qui, je le précise au passage, a tout fait pour me faciliter la vie), et je garde une portière enfoncée et une aile abîmée sur ma voiture.
Finalement, j’ai dépensé beaucoup plus d’argent, de temps et d’énergie que si j’avais tout simplement écouté ma petite voix.
CELEBRER
Cependant, je choisis de ne pas perdre d’énergie dans les regrets. Je préfère considérer que cet argent, ce temps, cette énergie ont été consacrés à ma formation.
Et je remercie la vie de m’avoir organisé une formation si bien adaptée à mon besoin d’évolution du moment. Je mesure maintenant l’importance de prendre en compte ma petite voix en toutes circonstances.
Je célèbre également d’avoir reçu l’aide d’un ami mécano qui s’est rendu disponible pour changer mon rétroviseur et me conseiller.
RESTER DOUX AVEC SOI
Je vous ai raconté une histoire d’accrochage et de tôle froissée, à l’interprétation finalement assez simple. Je suis bien consciente que certaines épreuves ne peuvent pas être traversées aussi facilement, et que parfois, il faut du temps pour arriver à saisir le sens de ce qui nous arrive.
Pour moi, l’important est de rester, quoi qu’il arrive, dans la confiance que nous avons quelque chose à apprendre, même si nous n’y avons pas accès dans l’immédiat. Car plus nous resterons dans la position de victime, plus nous allons perdre de l’énergie, couler vers le bas, et attirer du négatif.
De plus, il n’est pas toujours évident, surtout dans le cas d’événements douloureux, de déceler ce qui peut être apprenant derrière. C’est pourquoi le premier pas à faire est souvent de demander de l’aide (à un thérapeute, ou à une personne de notre entourage qui sait écouter) pour clarifier ce qui doit l’être.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, toute épreuve peut être apprenante et célébrée. A partir du moment où elle est perçue d’une manière positive, elle est un formidable vecteur d’évolution. Vous en aurez bientôt un exemple dans une prochaine newsletter: je vous y raconterai l’histoire de S, qui a passé 10 années de sa vie immobilisé suite à une erreur médicale et qui aujourd’hui est plein de gratitude envers la vie. (Si vous n’êtes pas abonné(e), c’est tout simple, c’est gratuit, c’est sur cette page en haut à droite !)
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A bientôt,
La Fannette