Archive from février, 2016

Éducation: de la bienséance à la bienveillance

hands-1022028_1280

« Il y a des choses qui se font, et des choses qui ne se font pas »

« C’est ainsi et pas autrement »

« Parce que c’est comme ça »

Avez-vous entendu ce genre de phrases lorsque vous étiez enfant?

Ces expressions vous-ont elles aidé à saisir le sens des règles qu’on vous imposait?

Ces expressions vous paraissent-elles en lien avec la vie?… je ne pense pas… et pourtant, elles étaient les garantes des règles de vie, justement.

Chez moi, ces expressions n’ont pas eu l’effet escompté. Bien au contraire. Pendant longtemps, je me suis révoltée contre toute forme de bienséance, et j’ai remplacé ces petites phrases par d’autres, dans le style « on s’en fiche du regard des autres », « la politesse, ça rime à rien », « si vous attachez de l’importance à la bienséance, vous avez un gros problème »… et je ne suis pas la seule dans ce cas !

En grandissant/vieillissant, j’ai pu rectifier mon angle de vue, et prendre conscience que le problème ne résidait pas dans les règles de la bienséance, mais dans la manière avec laquelle on avait tenté de me les imposer.

Présenter les règles de vie d’une manière exigeante et imposée qui n’admet pas d’explications ou de négociations n’est absolument pas au service de ces règles et des valeurs qu’elles défendent, bien au contraire : car la réponse la plus répandue à l’exigence est la résistance.

Avant de transmettre ces règles, peut-être pourrions-nous en interroger le sens, et l’importance que nous leur donnons.

Par exemple:

-quelle signification est-ce que je donne au mot « merci »?

-Est-ce important pour moi que mes enfants disent merci ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?

-Est-ce que j’assume le fait que ce soit important/pas important pour moi ?

En questionnant ces notions, on arrive souvent sur le plan des besoins:

Quand j’ai appris à mes enfants à dire « merci », j’avais besoin de contribuer à leur intégration dans leur environnement social et culturel, j’avais besoin de partager avec eux des outils pour communiquer au quotidien dans le respect de chacun, j’avais besoin de transmettre des valeurs importantes pour moi…

Quand je dis « merci », j’ai besoin de témoigner ma reconnaissance, ou bien j’ai besoin d’apporter du soin à la relation, ou bien j’ai besoin de célébrer quelque chose… etc…

Autrement dit, le fait de dire merci nourrit quelque chose à l’intérieur de moi. Alors, si c’est bon de dire merci, pourquoi présenter cela comme une obligation, un dû, un devoir ?

Pourquoi transformer un mouvement naturel et réjouissant en un laborieux automatisme ?

Pourquoi priver nos enfants du plaisir de dire merci, et leur imposer le devoir de le dire ?

Parce que nous avons peur qu’ils ne le disent pas… et comme nous avons peur qu’ils ne le disent pas, nous les obligeons à le dire… mais comme nous les obligeons à le dire, ils prennent cela comme une exigence et défendent leur besoin de liberté, en faisant de la résistance, et donc, ils ne le disent pas, ou bien, sous l’emprise de la menace, de la culpabilité, de la honte, ce qui nous désole, car ce n’est pas ce que nous voulons, nous ce que nous voulons, c’est rester dans la bienveillance et l’amour avec eux…

Comment transmettre les règles de vie avec bienveillance ?

Voici quelques pistes:

1. Prendre conscience de nos endroits blessés en rapport avec ces règles (voir mon précédent article sur le sujet)

Imaginons que mon enfant bouscule quelqu’un et s’éloigne sans dire « pardon ». S’il me reste des blessures par rapport à la politesse (que je sois devenue rebelle ou que j’aie éteint mon envie de liberté), ma réaction risque de ne pas être appropriée: je peux me mettre à hurler sur mon enfant, ou bien être terriblement mal à l’aise mais faire semblant de ne rien avoir vu, etc…

2. Appliquer nous-même ces règles, au quotidien, avec joie, en y mettant du sens.

Plus mon enfant recevra de « mercis », plus il sera enclin à en offrir. Et plus je préciserai mes « mercis » (« merci pour le dessin que tu m’as fait. J’aime beaucoup ceci et cela sur ton dessin… »), plus il en comprendra le sens.

3. Transmettre le sens que ces règles ont pour nous.

Lorsque j’étais une toute jeune adulte, je me souviens avoir participé à une fête donnée par les parents de mon compagnon du moment. J’aidais la mère de mon ami à servir le repas, et je servais les personnes sans me soucier d’un ordre particulier. Elle vint vers moi et me dit gentiment: « pour respecter la tradition, nous allons servir les femmes d’abord ». Je compris que cela était important pour elle, que cela avait du sens, et j’acceptai avec plaisir de faire à sa manière.

4. Rester en lien avec nos besoins, sans nous focaliser sur les stratégies.

Imaginons le dialogue suivant, en deux versions:

Un enfant vient de recevoir un cadeau de son grand-père. Il l’ouvre, et commence à jouer avec.

Version 1, l’adulte reste accroché à la stratégie (que l’enfant dise merci)

LE PÈRE: Tu dis merci à Papi ?

L’ENFANT: Non.

LE PÈRE: Victor, dis merci, Papi t’a fait un cadeau. Il faut dire merci.

L’ENFANT: Non!

LE GRAND-PÈRE: Laisse, va, c’est pas grave.

LE PÈRE: à son père: Si, c’est important, il doit apprendre. à son fils: Dis merci à Papi, ou je prends le cadeau !

LE GRAND-PÈRE: Mais laisse-le donc, c’est pas grave, je te dis !

LE PÈRE: à son père: Je ne peux pas laisser passer ça. à son fils: Victor, je te préviens, si tu ne dis pas merci tout de suite, je reprends le cadeau !

Victor lâche son cadeau et se met à pleurer.

Résultat des courses: le grand-père est fâché contre son fils, qui n’a pas laissé Victor jouer avec le cadeau qu’il avait choisi pour lui avec amour. Le père est fâché contre son père qui a voulu interférer dans sa démarche éducative. Victor est triste de ne pas pouvoir jouer tranquillement, et de ne pas pouvoir exprimer sa gratitude à son grand-père.

Version 2, l’adulte reste accroché à ses besoins (transmettre l’expression de la gratitude à son fils, contribuer à ce que son père reçoive de la reconnaissance)

LE PÈRE: Tu dis merci à Papi ?

L’ENFANT: Non.

LE PÈRE: Tu aimes cette voiture, elle te plaît ?

L’ENFANT: Oui. Regarde, elle peut rouler toute seule.

LE PÈRE: C’est ta première voiture qui roule toute seule. Tu sais qui t’a offert cette voiture ?

L’ENFANT: C’est Papi.

LE PÈRE: Tu as envie de dire merci à Papi ?

L’ENFANT: Oui. Papi, elle est jolie la voiture.

LE GRAND-PÈRE: Je suis bien content qu’elle te plaise.

Résultat des courses: l’ambiance est restée paisible, l’enfant a pu exprimer sa gratitude d’une manière qui lui convient, le père a pu transmettre sa manière à lui d’exprimer la gratitude, le grand-père a reçu une reconnaissance sincère de la part de son petit fils.

 

Il ne me reste plus qu’à vous conseiller mes deux livres préférés sur la CNV au service de l’éducation:

Le livre de Jean-Philippe Faure, Éduquer sans punition ni récompense, donne une analyse très fine de ce qui se joue dans la relation, et invite à une réflexion approfondie et à des prises de conscience décisives.

Le livre de Inbal Kashtan, être parent avec son cœur, livre avec clarté et simplicité des exemples concrets, des exercices pratiques et une illustration fine de la Communication Non Violente.

Si cet article vous questionne, si vous avez envie de partager un témoignage, si vous souhaitez apporter votre propre éclairage, n’hésitez pas à laisser un commentaire !

A bientôt !

La Fannette

être parent : enfin le mode d’emploi!

man-933701_1280

Entre les mises en garde de la belle-mère, les conseils du pédiatre, les imprécations des grands-parents et les affres de notre culpabilité… sur quel pied danser ? On reçoit des conseils de toutes parts, qui, pour simplifier les choses, se contredisent les uns les autres.

Je ne souhaite pas ajouter mon grain de sel à tout cet échafaudage. Par contre, j’ai à cœur de partager l’état des lieux de ma conscience de mère (diplômée 4 fois, en activité depuis plus de 18 ans ;-)  )

C’est tout simple:

Lorsqu’on devient parent, une part de nous est prête à remonter à la surface, et à œuvrer pour notre guérison et notre bien être familial. Car l’enfant qui arrive est un miroir magnifique pour notre enfant intérieur, et il n’aura de cesse de venir le réveiller, par tous les moyens, et… pour notre plus grand bien! (Au passage, il n’est pas nécessaire d’être parent pour que cette part émerge!)

Il arrive un moment où l’on réalise qu’il nous sera impossible de faire l’économie d’un travail sur nous, si nous voulons réellement offrir à nos enfants l’idéal d’éducation qui est le nôtre. Car nous avons beau élaborer des stratégies pour éviter au maximum de tomber dans les écueils que nous avons subis, nous serons rappelés à l’ordre par ce fabuleux miroir que nous renvoie notre enfant.

Un petit exemple:

Il y a quelques jours, je discutais avec une de mes amies sur l’attitude à avoir face à certaines « insolences » des ados. Elle me disait que parfois, elle était choquée de la manière dont son fils de 12 ans lui répondait. Elle exprimait combien elle souhaitait vivre le lien de manière bienveillante avec ses enfants, car elle avait subi, étant petite, des mises à l’écart très longues chaque fois que les adultes lui reprochaient quelque chose. Dans ces moments-là, elle avait l’impression de ne plus être aimée, d’être bannie de l’amour parental, tout cela parce qu’elle avait simplement fait « un faux pas ». A partir de ce qu’elle a vécu enfant, elle a élaboré un modèle d’éducation basé sur le respect mutuel et la priorité du lien d’amour, car pour elle il était hors de question que ses enfants vivent l’exil affectif qui l’avait trop souvent menée dans un insupportable sentiment d’abandon.

Elle m’a relaté que la dernière fois que son fils lui avait « mal parlé », elle ne lui avait pas adressé la parole pendant plusieurs heures, et qu’elle avait ignoré ses excuses lorsqu’il était revenu vers elle. Autrement dit, elle avait reproduit exactement le schéma qui l’avait tant fait souffrir enfant. Elle se sentait démunie face à cette situation, car pour elle il était impensable de supporter que son fils lui parle d’une manière qui la blesse, et en même temps, elle voulait mettre le lien en priorité. En explorant ce qui avait été si blessant pour elle dans ce que lui avait dit son fils, elle a compris qu’elle s’était retrouvée dans les mêmes sentiments que ceux qu’elle avait vécus enfant…

Read more »

Cultiver la joie: dixième étape vers la paix

board-142741_1280

Facile à dire, me direz-vous. Comment choisir en effet la couleur dominante de notre jardin intérieur, quand les aléas de la vie nous amènent dans des inconforts, parfois dans des drames difficiles à digérer?

Voici quelques astuces

1. Prendre du recul.

Oui, il s’est passé cela. Et en même temps, je peux constater que je suis en vie, et je peux être satisfaite de telle et telle chose.

2. Trier les informations que je donne à mon cerveau.

Est-ce que j’ai vraiment envie de lui donner les nouvelles du jour prédigérées par TF1?

J’ai le choix de le nourrir d’autre chose… tiens, par exemple, n’y aurait-il pas, dans ma bibliothèque favorite, quelques livres réjouissants à lui offrir?

3. Pratiquer la visualisation et la gratitude

La visualisation est une manière de semer des graines de possible dans notre vie. Prendre 5 minutes par jour pour visualiser ce que l’on souhaite et goûter pleinement à notre ressenti revient à semer le bonheur au quotidien.

De même, la gratitude pour tout ce que l’on vit de beau, pour tout ce dont on jouit chaque jour, permet d’en savourer avec encore plus d’intensité les bienfaits. 

4. Choisir en conscience de ne pas relayer les rumeurs.

Plus on parle d’une chose, plus on lui donne du pouvoir. En choisissant mes sujets de conversation, je choisis l’énergie que je privilégie.

5. Cultiver l’humour.

Lorsque j’ai fait du clown, j’ai appris que l’humour pouvait être au service de nos sentiments, quels qu’ils soient. Je parle ici d’un humour bienveillant, non pas de moqueries qui elles enfoncent au contraire. L’humour permet de s’accueillir avec à la fois tendresse et détachement.

Je vous laisse voir laquelle de ces astuces vous utilisez de préférence pour cultiver la joie. Si vous en pratiquez d’autres, n’hésitez pas à les partager en commentaire!

Ecouter les messages de notre corps: neuvième étape vers la paix

 

model-1115438_1280

C’est votre anniversaire. Et pas n’importe lequel. Mettons, vos dix-huit ans. Ou vos cinquante. Voilà presque un an que vous entendez chuchoter dans votre dos, que des coups de téléphones mystérieux attirent vos proches dans la pièce voisine et vous précipitent vers un livre, une vidéo, un film, un que sais-je-encore, soudainement passionnant-tu-dois-aboslument-voir-ça-j’arrive-tout-de-suite. Vous avez savouré, pendant tout ce temps, les échos d’un complot dont vous êtes à la fois le centre et l’exilé. Et puis le jour J arrive. Tout est en place, les invités affluent, vous reconnaissez, à travers le brouhaha des voix excitées et joyeuses, celle d’un ami très cher et très lointain, revenu spécialement de son autre bout du monde pour vous… Et tout ce monde attend l’entrée de la star…

Mais voilà: vous êtes malade. Votre corps pèse une tonne, vos membres suants refusent de vous obéir, vos dents claquent et la tête vous tourne. Vous essayez de vous raisonner :

vous ne pouvez pas être malade, ce n’est pas possible, pas aujourd’hui !

Et pourtant: vous avez beau vous raisonner, argumenter, négocier avec votre corps, il ne veut rien entendre. Les faits sont là, vous avez la nausée, et la seule chose dont vous auriez envie, c’est de rester au lit, et que tout le monde vous oublie. Un combat s’engage entre votre corps et votre mental.

Qu’allez-vous faire ? Est-ce que vous allez vous forcer à vous lever et à faire bonne figure ? Est-ce que vous allez culpabiliser, vous en vouloir de ne pas faire honneur à cette fête qu’on vous a préparée ? Est-ce que vous allez assumer votre état, et profiter de la foule présente pour vous faire chouchouter ?

Ce qui est sûr…

c’est qu’il est aussi impossible de négocier avec notre corps qu’avec la météo...

Quand la nature s’exprime, on ne joue plus dans la cour des « c’est moi qui commande, d’abord » … on est sur un autre plan. Et sur ce plan-là, si on continue à vouloir avoir raison, on est plutôt mal barré: on devient irritable, on en veut à la terre entière, on culpabilise, bref, comme chemin vers la paix, ce n’est pas l’idéal.

Alors que faire ?

Écouter, écouter, écouter.

Instant après instant, mettre notre attention sur les manifestations de notre nature profonde. J’ai la gorge serrée ? Mon attention reste dans ma gorge, j’accueille, je respire ce serrement. Je le regarde comme s’il me racontait l’histoire la plus passionnante du monde. Et puis… petit à petit, la sensation change, la fluidité s’installe.

On m’écoute ? Je n’ai plus besoin de crier si fort, alors…

Autre question: faut-il attendre d’être malade pour se mettre à l’écoute ?

Et si nous prenions un temps, chaque jour, pour écouter ce que notre corps nous dit ?

Et si cet espace dédié à notre corps lui permettait, justement, de s’exprimer en douceur, au quotidien, sans avoir à hurler, comme par hasard, au moment qui nous arrange le moins ?

Si vous faites cette expérience de reliance quotidienne, n’hésitez pas à laisser un commentaire!

à bientôt !

La Fannette