Quand plaisir rime avec fuir

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Dans mon précédent article, j’insistais sur l’importance du plaisir lié à l’apprentissage. Aujourd’hui je voudrais aborder la notion de plaisir sous un autre angle…

S’il est vrai que nous avons plus de chances de progresser et d’avancer si nous sommes dans le plaisir, il est aussi vrai que la recherche du plaisir peut nous amener à perdre de vue nos aspirations profondes et à attraper une maladie très répandue actuellement sous nos latitudes, et dont certains font leur business: l’addiction.

En gros, le plaisir doit être un carburant, et non un but.

Cela veut dire que j’irai loin, je surmonterai les obstacles, j’atteindrai mes objectifs, si je suis centrée sur mon but (ou sur l’aspiration profonde qui me met en mouvement) et si je prends plaisir à ce que je fais,

cela veut dire aussi que je m’enliserai dans une recherche insatiable, j’oscillerai perpétuellement entre soulagement et insatisfaction, si je ne me centre pas régulièrement sur mes aspirations profondes et si la recherche du plaisir est ma principale motivation.

Cette tentation de mettre la recherche du plaisir au premier plan revient chaque jour à la charge, et notre société de consommation nous la décline sous toutes les formes possibles et imaginables.

Voici quelques exemples des pièges auxquels nous pouvons être confrontés  :

  • Les publicités… il n’est question que de satisfaction à court terme et de plaisir (extrême, intense, etc…), et souvent ce plaisir est présenté comme incontournable, indispensable,voire vital!
  • Tout ce qu’on nous propose en « illimité », que ce soit internet dans notre forfait téléphonique, ou les légumes (friiiites!) à la cafétéria, est en réalité un piège bien ficelé, qui va d’abord nous attraper par notre porte-monnaie (je l’ai payé, maintenant il faut que je le rentabilise: donc, je passe beaucoup de temps sur internet, je mange beaucoup de frites) puis par l’addiction (maintenant que j’y ai goûté, je ne peux plus m’en passer).
  • Tout ce qu’on obtient en … moins de 24h chrono, la réduction du délai entre le désir et sa satisfaction.
  • Dans la relation intime, nous pouvons tomber dans le piège de la course au plaisir, et passer à côté de la connexion à l’autre.
  • Toutes les drogues, alcool, sucre, tabac, cannabis et drogues dures nous donnent accès à quelques instants de paradis (de plus en plus courts à mesure que nous devenons addicts), en échange d’une vie infernale, centrée sur le manque.
  • On a de plus en plus tendance à dédramatiser l’addiction, on en parle de façon légère « Moi c’est la clope… moi c’est les jeux vidéos… moi c’est le sucre... », alors qu’elle est reconnue par la médecine comme un trouble psychique.

 

Et voici quelques pistes pour les déjouer:

  • Lorsque je suis tentée d’engouffrer un éclair au chocolat d’une bouchée, je peux me poser deux questions: 1) est-ce que je suis en train de fuir quelque chose? 2) qu’est-ce que j’ai vraiment envie de vivre?
  • Repérer mes fragilités: quelles sont les tentations auxquelles pour l’instant je ne parviens pas à résister, et qui me poussent vers un comportement addictif? Une fois le repérage fait, je peux m’arranger pour ne pas m’exposer à ces tentations
  • Quand je prends plaisir à faire quelque chose, je le goûte… à fond
  • Je me relie aux joies simples et accessibles de mon quotidien
  • Je fais le point régulièrement sur mon degré de satisfaction, et je me relie le plus souvent possible à mes aspirations profondes. Ceci m’évitera d’entrer dans un système de compensation

 

Si vous avez d’autres pistes à partager, n’hésitez pas à laisser un commentaire!

à bientôt

La Fannette

 

 

 

8 Comments

  • Bien vrai et merci pour ce nouvel article.
    J’ai arrêté la cigarette grâce à l’hynose (Après 20 ans à fumer 1 paquet par jour et 2_3 tentatives avec d’autres techniques). J’´en parle car le pouvoir de l’inconscient a été pour moi une révélation (sur l’addiction forte pour commencer et plus généralement pour le bien être ensuite) et on peut faire beaucoup de prises de conscience etc. mais c’est assez fastidieux et il faudrait s’y astreindre régulièrement, ce que peu feront…
    Alors perso je recommande chaudement hypnose (voire auto hypnose) et eft !

    • Merci Caroline pour ce précieux conseil! C’est vrai que nous avons des tas d’outils très simples à disposition, il suffit de les utiliser avec régularité pour que petit à petit notre vie change…
      Au plaisir Caroline!
      ;)

  • Bonjour,
    Et merci pour vos publications, souvent très intéressantes.
    Un petit bémol pour moi à propos des addictions, vaste sujet s’il en est, je trouve votre article un peu « short », un peu « Yaka, fokon ».
    L’addiction est un système de défense, ou de protection complexe, Et repérer ce qui pousse vers cela est plus facile à dire qu’à faire.
    J’ai envie de dire que bien d’entres nous on besoin d’une béquille pour avancer dans la vie, que notre société est loin d’apporter les réponses à nos besoins humains.
    Me déplaît aussi ce diagnostic : addiction= trouble psychique, je trouve ce propos réducteur et péremptoire.
    Nous sommes tous Addict : à l’eau, à l’air, à l’amour…
    Une citation pour terminer : « Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale que d’être adapté à une société malade  » J.Krishnamurti
    Bonne semaine !

    • Merci Lumina pour votre commentaire!
      Effectivement, s’il s’agissait d’un article sur les addictions, il serait dommage de s’en tenir là. Je revenais simplement sur la notion de plaisir, et du piège qu’il représente en tant que but à atteindre.
      Et pour ma part je considère l’addiction comme une maladie lorsqu’elle nous amène à entretenir un mal-être. Bien entendu, ce n’est pas à coups de yakafaucon qu’en en vient à bout. Ici je tentais de montrer combien la société nous encourage à devenir addicts, et qu’on avait le pouvoir de rester clairvoyants par rapport à cela.
      Bonne semaine à vous aussi

  • « je me relie le plus souvent possible à mes aspirations profondes. »

    Encore faut il les connaitre…. La recherche puis la compréhension profonde de ses propres besoins peut être une quête sans fin… source de souffrances et de frustrations.

    Je penses que tout est là.

    La non connaissance de ses besoins / aspirations profondes nous amène à chercher des solutions faciles et donc des plaisirs immédiats dans une quête sans fin d’inassouvies…

    On va se chercher dans la consommation…

    Tout ça pourquoi ?

    Parce la société matérielle, consommatrice, financiarisée a rendu le spirituel ringard !

    au mieux, on a le droit d’aller chez le psychiatre… et avec l’aide de quelques chimies on pourra s’assoupir… et devenir un zombie.

    La religion est devenue sectaire… la science une religion…

    Que nous reste-t-il? sinon la quête du plaisir immédiat dans un monde dépourvu de sens? L’absence de sens amène le désespoir et le désespoir l’absence de quête de soi… et donc l’impossibilité de se connecter avec ses aspirations profondes!

    Voilà comment on fabrique des moutons… incapable de penser par eux-mêmes et sans ancrage. Toujours en quête de rien et de tout, ayant peur de tout perdre alors qu’ils n’ont rien…

    La vie s’écroule partout autour de nous et nous restons immobile, pétrifié, en état de résignation acquise ou d’inhibition… parce que sans but et sans raison d’être autre que la lutte pour garder un statut social artificiel… et bancal, volontairement très précaire…

    Plus de collectif… plus de groupes… et aujourd’hui quasiment plus d’états nations… le new world order est là… On y est!

    Une humanité homogénéisée au système de consommation centralisé.

    Une pyramide de ponzi mondiale, ne reposant que sur des algorithmes basés sur du vent… et une économie faites de zéro et de un sur des disques durs…

    Nous avons le choix mais encore faut il le savoir!

    Pourquoi sortir de la caverne quand on est persuadé que notre monde est la caverne?

    Ceux qui sortent sont mis au banc… et en sous nombre.

    La vrai richesse est intérieure mais le monde actuel a rendu la richesse matérielle impérative à la survie pour maintenir son pouvoir.

    Le pouvoir de l’esprit pourra-t-il venir à bout du pouvoir de l’argent?

    Les réponses sont en nous…

    • Merci Guillaume pour votre commentaire.
      Je vous rejoins sur le fait que nous ne sommes pas encouragés par notre société de consommation à nous relier à notre vraie nature.
      Ceci dit nous avons le pouvoir de faire des choix, de demander de l’aide pour retrouver le chemin vers nous-mêmes (et de plus en plus de personnes se mettent au service de ce chemin), de faire le nécessaire pour trouver les réponses qui sont en nous, même si cela passe par de la souffrance et de la frustration.
      Les barreaux que la société nous propose sont le reflet de nos barrages intérieurs, il est en notre pouvoir d’évoluer. Pour moi, cracher sur la société revient à cracher sur nos parts blessées.
      Je vous souhaite en tout cas un beau chemin
      La Fannette

  • Bonjour,
    c’est toujours plus facile de repérer les « addictions » des autres, les nôtres évidemment n’en sont pas puisque comme les autres nous avons tendance à les envelopper de déni. La question est juste de savoir à qui l’on « ment », aux autres, à nous-même? Qui souffre, l’addict, l’aimant impuissant qui se sent coupable ?
    Alors oui, la maladie implique la guérison par le soin, pour ça il faut en être le demandeur, l’acteur du nettoyage et préparation d’un nouveau terrain qui peut susciter des angoisses.
    Les plaisirs sont stockés dans la mémoire, c’est accessible à tout moment en cas de mou on pioche et ça remet en selle :)
    Bon weekend,
    des bises,
    Cécile

    • Merci Cécile,
      C’est toujours un plaisir de lire tes commentaires éclairés de bon sens et d’expérience. Merci d’en faire profiter les lecteurs de ce blog!
      Je trouve la notion de déni très intéressante. J’ai l’impression qu’elle s’accompagne souvent d’une illusion de toute puissance, de capacité à tout maîtriser. Ce qui est d’autant plus difficile pour l’entourage, car effectivement, comme tu le soulignes, la démarche de guérison ne peut venir que de la personne concernée.
      Bon weekend à toi aussi!
      bises
      Fanny

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