Observer sans juger: une première étape vers la paix

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En ce moment, je fais un remplacement en tant que professeur de français. Vendredi, une élève faisait une présentation orale, dont le thème était: « si j’étais un personnage de conte, ou de la mythologie, qui serais-je, et pourquoi ? ». L. avait choisi Cupidon. « Car ainsi, disait-elle, je pourrais répandre l’amour entre les humains. Pas forcément l’amour des amoureux… mais l’amour… la paix, quoi. » A la suite de quoi ses camarades lui ont posé des questions. L’une d’entre elles a retenu mon attention: « Et sans être Cupidon, on peut faire quoi, pour répandre l’amour entre les humains? »

Le débat qui suivit fut très intéressant. Car bien sûr les élèves sont arrivés à la conclusion qu’ils étaient, eux-mêmes, des humains. Et que pour changer le monde, changer la part du monde dont on est responsable, c’est à dire soi, c’est un pas capital. Ils ont admis que parfois, oui, ils se faisaient la guerre entre eux. Et qu’ils aimeraient qu’il en soit autrement. Ils étaient même bougrement motivés à « ne plus chercher à se venger », « ne plus se mettre en colère », « ne plus insulter les autres »… et en même temps que j’admirais leur motivation, je prenais conscience du sens que cela pouvait avoir de transmettre des outils pour faire la paix en soi. Car on a beau être motivé, il ne suffit pas de décider de ne plus se mettre en colère pour atteindre le niveau de sagesse d’un grand lama.

Comme je me suis formée pendant dix ans à la Communication Non Violente, je vous propose, pendant les semaines qui viennent, d’explorer cet outil qui se veut plus un art de vivre qu’une habitude de langage.

-La première étape, pour aller vers une communication pleine de bienveillance envers soi et les autres, est d’observer sans juger. Cela vous paraît simple et facile, et pourtant, si nous prenons le temps d’observer nos habitudes, on se rend vite compte que plus de la moitié de nos pensées ou de nos paroles sont dédiées au jugement.

-Si, pendant la semaine qui vient, vous consacrez ne serait-ce qu’une heure à observer sans juger, (c’est à dire à ne pas trouver les choses « bonnes » ou « mauvaises », « belles » ou « atroces ») vous pourrez alors commencer à percevoir ce qu’est l’observation, du point de vue de la Communication Non Violente.

Si cela vous est difficile, observez votre difficulté. Si cela vous agace, observez votre agacement.

-Cette observation commence par ce qui se joue à l’intérieur: je m’observe en train de juger, en train d’être réjouie ou agacée, en train de perdre patience. Je me détache un peu de moi, et je regarde ce qui se joue, comme si j’étais en train de regarder un film.

Bien entendu, le processus de la CNV ne s’arrête pas là. Ce que je vous propose néanmoins, c’est de consacrer quelques heures de votre semaine à faire l’expérience de l’observation de ce qui est, avant d’aller plus avant. Car c’est une expérience qui se savoure et qui permet d’ancrer petit à petit un regard d’accueil sur la vie.

Si le cœur vous en dit, partagez en commentaire ce que cette expérience vous fait vivre.

La semaine prochaine, je vous parlerai de la deuxième étape, qui est capitale pour se sentir aux commandes de sa vie.

Pour les plus impatients d’entre vous, je vous conseille la lecture du livre: Les mots sont des fenêtres, ou bien ce sont des murs, de Marshall Rosenberg.

La Communication Non Violente au quotidien en est la version condensée.

 

 

Toute belle semaine à vous !

à bientôt !

La Fannette

4 Comments

  • Hi Fanny-nette,
    bon, là, c’est un « truc » que j’essaie de mettre en pratique en ce qui concerne l’évitement du jugement, déjà je me l’autorise pour les objets, cette robe, bagnole …est trop moche!
    Quand la tentation se pointe concernant une personne, je me suis programmée des signaux, j’entends un signal d’alarme bien strident et je vois un énorme panneau stop, j’te garantis que tu recules vite fait et là tu peux explorer. (je pense que les signaux s’estomperont quand j’aurai grandi ;) ) Ce que je peux dire aussi, c’est que lorsque je suis témoin de jugements je suis mal à l’aise.
    bises,
    Cécile

    • Coucou Cécile,
      Merci pour ton témoignage! Pour ma part ce qui m’aide lorsque je suis témoin de jugements, c’est de confirmer ce que ressent la personne sans valider son jugement. Par exemple, je lui dis, « oui, en tout cas c’est ainsi que tu vois les choses », ou « c’est en tout cas ton opinion pour le moment ». Ainsi je ne me rends pas complice du jugement et je renvoie à l’autre la possibilité d’assumer ce qu’il dit.
      En tout cas bravo pour le signal d’alarme, j’ai jamais réussi à installer ça chez moi. De mon côté c’est plus une sorte d’écœurement qui me prend, et qui me permet de sentir que je m’apprête à juger.
      Bises
      Fanny

  • Je me suis surprise à juger ce WE, mais alors dans les grandes largeurs : c’etait un comportement totalement contraire à mes valeurs, et impliquant des enfants. Il m’a fallu deux jours pour reussir à penser « Bon, ils ont peut-etre leurs raisons, et/ou pas conscience des conséquences de ce qu’ils font, il aurait fallu que je leur demande ».

    Mes jugements sont très rarement sur l’apparence, mais sur des valeurs (souvent traduites par certains comportements, on en revient à une forme d’apparence je le concède). En l’occurence là c’était 100% apparence…

    Ce qui me gêne plus :
    J’ai réalisé aussi que dans une discussion souvent je tente de convaincre, sans forcément écouter l’autre. J’ai beau me dire que je ferais mieux de dire « Tu es sur que (truc qui me plait pas) ? Qu’est-ce qui te le fait penser ? », écouter, et avancer subtilement « Tu ne crois pas que ca pourrait etre (truc correspondant à mes valeurs) plutot ? »…
    je n’y arrive pas, j’assène mon truc comme si je détenais la Vérité Ultime et forcément la discussion s’achève vite.
    Je soupconne qu’il y a à la racine de mon attitude une forme de jugement.
    Comment changer ma manière de faire ?

    • Bonsoir Léo,
      Peut-être pourriez-vous commencer par vous accueillir dans le fait que vous ayez des jugements. Derrière ces jugements, il y a des besoins très précieux pour vous, qui touchent au bien être des enfants. C’est certainement une des grandes causes de votre vie, qui mobilise une énergie énorme, une belle énergie d’amour, et en même temps, un gros réflexe de protection. Est-ce que ça vous parle? A mon avis, derrière ce mécanisme de protection, il y a sans doute une blessure. Voir souffrir un enfant réveille souvent nos blessures d’enfants. Mais ces blessures sont tellement douloureuses qu’on préfère les nier, les oublier, et mettre au placard tous ceux qui stimulent de la souffrance chez les enfants. Peut-être que pour vous, c’est quelque chose de cet ordre qui se passe. Si c’est le cas, il pourrait être intéressant pour vous d’aller voir du côté de votre enfant intérieure, car à la racine de votre attitude, derrière le jugement, il y a peut-être une part de vous à accueillir. Comment est-ce que cela résonne pour vous?

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