Les petits jeux de l’ego: 2- critiquer, juger, étiqueter…

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  • Très pratique, le jugement permet de dénigrer chez les autres ce que l’on ne veut pas voir chez soi. Ne voir qu’à l’extérieur les défauts insupportables fait partie des stratégies préférées de l’ego pour fuir l’introspection et la prise de responsabilité. Et plus l’ego s’insurge contre telle abomination extérieure, plus il nourrit l’illusion qu’il est indemne de ce qu’il condamne.

Maintenant que nous l’avons vu venir, avec ses gros sabots, nous sommes prévenus:

-Je critique et condamne avec virulence toute forme de violence? Il serait peut-être temps pour moi d’accueillir ma propre violence, avant qu’elle ne s’exprime à mes dépens.

-Je ne supporte pas les personnes qui se mettent en avant à la moindre occasion, cela me fait bondir, et frémir d’agacement? Il n’y aurait pas, à l’intérieur de moi, une part qui cherche la reconnaissance des autres? Quand j’aurai vu et accepté cette part, elle ne cherchera plus la reconnaissance de manière insidieuse. Elle s’exprimera au grand jour, avec simplicité.

-Je déteste tel ou tel côté de mon compagnon, de ma compagne? Sur quelle part de moi ce qui m’agace fait-il miroir?

Pour aller plus loin sur ce point, vous pouvez lire cet article.

 

  • Le jugement nous permet également de fuir la responsabilité de nos ressentis, en nous donnant l’illusion que c’est l’autre qui a un problème.

Mais le problème, justement, c’est que si l’on reste sur le plan du jugement, on n’a aucune prise sur ce qui arrive. C’est l’autre, le « manipulateur », le « menteur », le « lâche », qui nous fait subir les conséquences de ses tares.

Prenons un exemple:

L’ami d’Emilie lui a dit qu’il ne pourrait pas la voir ce soir-là, parce qu’il avait du travail. Or, en marchant dans la rue, elle l’a aperçu dans un café, attablé avec une autre fille.

Si Emilie laisse son ego gérer le problème, voici ce que cela peut donner:

« Quel menteur! Il m’a manipulée! Il m’a trahie! Il n’est pas digne de ma confiance! » Emilie est une victime, son ami est un gros méchant qui a le pouvoir de la rendre malheureuse, elle ne fera plus confiance à un homme, la page est tournée.

Si elle choisit de se relier à son ressenti:

« Je n’en reviens pas! Je suis abasourdie! Je tombe des nues! J’ai une grosse boule dans la gorge et j’ai envie de pleurer! J’ai peur… j’ai besoin d’être rassurée sur la réciprocité de notre lien. » A partir de la connexion à ses besoins, Emilie reste dans son pouvoir, elle va se donner les moyens de clarifier la situation avec son ami.

 

  • Parfois, le jugement nous évite de prendre le risque d’évoluer ou de nous ouvrir.

Quand une personne prend le risque de vivre différemment, de sortir de sa zone de confort, on peut la dénigrer, de manière à mettre le couvercle sur la part de nous qui aimerait faire de même, et à nous rassurer sur le fait que nous avons bien raison de rester dans notre cocon. Là encore, l’ego est très performant pour trouver des étiquettes qui finissent par faire office de barrage à toute velléité d’ouverture.

C’est ainsi que:

Faire l’école à la maison, c’est du gros n’importe quoi,

être végétarien est dangereux,

faire du stop c’est de la folie,

… etc…

Donc, la prochaine fois que vous aurez un jugement sur une chose qui ne fait pas partie de votre quotidien (comme « regarder des émissions de téléréalité, c’est de la lobotomisation consentie »), demandez-vous:

de quoi est-ce que je me protège en cultivant ce jugement ?

 

à bientôt pour un nouveau petit jeu de l’ego !

N’hésitez pas à laisser un commentaire !

La Fannette

 

 

 

 

4 Comments

  • Bonjour, quand je râle ou que je critique, je me demande quels besoins se cachent. Et du coup, mes raleries et mes critiques deviennent moins virulents, voire même disparaissent.
    Cela est difficile, parfois même pénible, mais ça me donne vraiment l’impression de garder le contrôle.
    Cécile D.

    • Merci Cécile pour ce témoignage! La connexion aux besoins est souvent une clé magique, en effet! (comme disait Marshall Rosenberg, la violence des jugements est l’expression tragique de besoins non satisfaits)
      Bon cheminement!
      La Fannette

  • Coucou Fanny,

    j’adore cet exemple, autrefois j’ai éprouvé cette réaction de manque de confiance dans la relation, je (crois) que maintenant je suis tout à fait capable de m’attabler avec les acteurs en leur disant que c’est super qu’ils aient terminé le boulot et que c’est agréable de prendre un verre ensemble avant qu’on rentre chez Nous.

    Bonne journée,
    Cécile

    • Merci Cécile pour ton témoignage ! Quel chemin parcouru !
      Belle journée à toi aussi!
      Fanny

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