La danse du dialogue en 6 points

dialogue-de-sourd-en-tunisie

Comme promis, voici la suite de l’article « 4 étapes pour une communication en lien avec notre vraie nature ».

Nous allons explorer maintenant comment rester en lien avec notre interlocuteur, lorsque celui-ci ne semble pas vouloir accéder à notre demande.

Imaginons par exemple que je demande à mon fils de débarrasser la table, et qu’il me fasse une réponse atroce, du genre « non ». J’insiste, en lui faisant part de mon besoin de coopération, de soutien, de légèreté dans l’organisation… et je lui demande s’il comprend. Il me répond, par exemple, « oui, je comprends, mais non. » Je suis frustrée, j’ai envie d’être prise en compte. En même temps, je préfère dénouer ce conflit plutôt que de l’alimenter. Comment faire ?

1. Vérifier que ma priorité est bien de prendre soin de la relation

Pour vérifier cela, je dois me poser la question: « S’il n’accède pas à ma demande, est-ce que je suis capable de me dire « tant pis » ? »

Si je sens que je ne lâcherai pas, c’est que je suis dans l’exigence, et non pas dans la demande. Dans ce cas, soit je prends le temps d’écouter en moi ce qui m’empêche de lâcher (voir l’article: 8 étapes pour prendre un temps pour s’écouter), soit je reste dans l’exigence et je m’expose à gérer une relation « bras de fer ».

Si ma priorité est de prendre soin de la relation, je vais prendre le temps de me mettre à l’écoute de ce « non » (ce qui à mon sens est un bon investissement sur le long terme.)

2. Ecouter ce qui se joue derrière le « non »

Attention: se mettre à l’écoute de ce « non » signifie que j’accepte d’entendre ce qui est caché derrière. Parfois, c’est en lien avec un un conflit, et si j’ai peur de réveiller ce conflit, il vaut mieux que je prenne le temps d’accueillir mes peurs avant d’ouvrir les portes à l’expression explicite de ce conflit. (Voir: 8 étapes pour prendre un temps pour s’écouter)

Par des questions, je vais chercher à savoir quel est le « oui » qui est caché derrière son « non ». Autrement dit, quels besoins il cherche à nourrir en me refusant son aide.

Par exemple:

« Qu’est-ce qui t’empêche de me dire oui ? est-ce que tu es fâché ? »

ou bien

« Tu es fatigué ? »

Très souvent, le fait que je me mette en position d’écouter sans juger va aider l’autre à exprimer son ressenti, mais pas toujours d’une manière agréable à entendre pour moi. Il pourra me dire par exemple:

« Oui, j’en ai assez, c’est toujours à moi qu’on demande ce genre de choses, ma soeur ne fiche rien ! »

3. Ne pas croire les mots, écouter le ressenti

Savoir rester à l’écoute suppose que je ne crois pas une seconde à ce que l’autre me dit (car bien évidemment, il s’agit de son impression, et non pas d’une vérité objective), mais que je me relie à ce qu’il ressent. Pour cela, il me suffit de rester bien centrée, de respirer dans mon ventre, et d’accueillir la belle énergie qui est derrière ces mots.

Car derrière toute parole, il y a de la beauté. C’est la beauté des besoins. Pour mettre cette beauté au grand jour, il suffit de la nommer: parfois, elle se nomme « amour », parfois « tendresse », parfois « action », « mouvement », « nourriture », « douceur », « acceptation », « respect », « considération »… dans notre exemple, elle pourrait s’appeler « équité », ou « reconnaissance », peut-être « prise en compte ». C’est à moi de le vérifier :

« C’est important pour toi que chacun fasse sa part, que ce soit équitable ?

– Oui, c’est toujours pareil, je me tape toujours le sale boulot, j’ai autre chose à faire!

-Quand tu dis que tu as autre chose à faire, est-ce que c’est que tu as envie de faire des choses qui te font plaisir ?

-Ben oui, normal.

4. La danse du dialogue

J’ai fait quelques pas vers l’autre, je peux l’inviter à faire un pas vers moi. S’il a du mal à le faire, je ferai de nouveau un pas vers lui, et ainsi de suite. Notre conflit deviendra une danse.

-Je rêve moi aussi que chacun puisse se faire plaisir, et en même temps je suis préoccupée par les tâches à accomplir, et je n’ai pas envie de gérer ça toute seule, j’ai besoin de coopération, tu vois ce que je veux dire ?

-T’as qu’à demander à ma soeur. Elle a rien fait de la matinée.

-C’est l’équité qui te tient à coeur ?

-Oui, demande-lui à elle, elle fiche rien.

-Tu sais, je suis fatiguée d’avoir à négocier. J’ai l’impression d’être la seule à me sentir concernée par ces histoires matérielles et c’est pesant pour moi. J’aimerais sentir du partage, du soutien mutuel, de l’entraide au sein de la famille. Tu comprends ?

5. Laisser émerger des solutions

Rester ouvert à l’autre et exprimer sa vulnérabilité facile l’émergence de solutions qui satisfont tout le monde, et qui parfois nous surprennent. L’important, dans cette étape, est de ne pas lâcher nos besoins et de rester ouverts sur les solutions pour les satisfaire.

Si elles n’arrivent pas naturellement dans le dialogue, on peut les encourager avec une petite invitation du style:

« Est-ce que tu as une idée de ce qu’on pourrait faire, pour qu’on puisse se faire plaisir, et qu’on vive aussi plus de coopération ?

-Ben, je sais pas, moi, si tu veux je vais chercher ma soeur et on voit ça ensemble… »

 

6. Célébrer

Ce genre de moment est au service de la relation. Il est important de prendre le temps de goûter combien cela fait du bien de prendre soin de la relation, et de remercier l’autre d’avoir lui aussi pris ce temps.

« Je suis contente qu’on ait pris le temps d’en parler. » ou bien « Je te remercie d’avoir pris ce temps avec moi, j’aime bien quand on met les choses au clair. »

Quelles sont vos réactions à la lecture de cet article ? N’hésitez pas à laisser un commentaire !

A bientôt pour un nouvel article,

La Fannette

 

 

 

 

1 Comment

  • Bonjour Fanny!
    Ma réaction ? Tu conquis mon coeur quand tu parles de « la beauté des besoins. » Des gens s’aiment et n’ont pas conscience qu’un refus n’est pas de la mauvaise foi. On se met alors sur la défensive. On se fait de fausses idées, l’autre « baisse dans notre estime ». En plus de malmener la relation, je suppose que c’est de l’égoïsme de ne pas comprendre le non de l’autre.
    Merci pour cet article qui rappelle de toujours écouter le besoin dans toutes les formes de communication!

Leave a comment to Agnès Emma