être parent : enfin le mode d’emploi!
Entre les mises en garde de la belle-mère, les conseils du pédiatre, les imprécations des grands-parents et les affres de notre culpabilité… sur quel pied danser ? On reçoit des conseils de toutes parts, qui, pour simplifier les choses, se contredisent les uns les autres.
Je ne souhaite pas ajouter mon grain de sel à tout cet échafaudage. Par contre, j’ai à cœur de partager l’état des lieux de ma conscience de mère (diplômée 4 fois, en activité depuis plus de 18 ans )
C’est tout simple:
Lorsqu’on devient parent, une part de nous est prête à remonter à la surface, et à œuvrer pour notre guérison et notre bien être familial. Car l’enfant qui arrive est un miroir magnifique pour notre enfant intérieur, et il n’aura de cesse de venir le réveiller, par tous les moyens, et… pour notre plus grand bien! (Au passage, il n’est pas nécessaire d’être parent pour que cette part émerge!)
Il arrive un moment où l’on réalise qu’il nous sera impossible de faire l’économie d’un travail sur nous, si nous voulons réellement offrir à nos enfants l’idéal d’éducation qui est le nôtre. Car nous avons beau élaborer des stratégies pour éviter au maximum de tomber dans les écueils que nous avons subis, nous serons rappelés à l’ordre par ce fabuleux miroir que nous renvoie notre enfant.
Un petit exemple:
Il y a quelques jours, je discutais avec une de mes amies sur l’attitude à avoir face à certaines « insolences » des ados. Elle me disait que parfois, elle était choquée de la manière dont son fils de 12 ans lui répondait. Elle exprimait combien elle souhaitait vivre le lien de manière bienveillante avec ses enfants, car elle avait subi, étant petite, des mises à l’écart très longues chaque fois que les adultes lui reprochaient quelque chose. Dans ces moments-là, elle avait l’impression de ne plus être aimée, d’être bannie de l’amour parental, tout cela parce qu’elle avait simplement fait « un faux pas ». A partir de ce qu’elle a vécu enfant, elle a élaboré un modèle d’éducation basé sur le respect mutuel et la priorité du lien d’amour, car pour elle il était hors de question que ses enfants vivent l’exil affectif qui l’avait trop souvent menée dans un insupportable sentiment d’abandon.
Elle m’a relaté que la dernière fois que son fils lui avait « mal parlé », elle ne lui avait pas adressé la parole pendant plusieurs heures, et qu’elle avait ignoré ses excuses lorsqu’il était revenu vers elle. Autrement dit, elle avait reproduit exactement le schéma qui l’avait tant fait souffrir enfant. Elle se sentait démunie face à cette situation, car pour elle il était impensable de supporter que son fils lui parle d’une manière qui la blesse, et en même temps, elle voulait mettre le lien en priorité. En explorant ce qui avait été si blessant pour elle dans ce que lui avait dit son fils, elle a compris qu’elle s’était retrouvée dans les mêmes sentiments que ceux qu’elle avait vécus enfant…
Finalement, la plus grande peur que nous ayons par rapport à nos enfants, c’est qu’ils vivent les souffrances que nous avons nous-même traversées. Ce que nous oublions, c’est que nous avons élaboré, étant enfants, des schémas très efficaces pour nous protéger des ces souffrances. Et souvent, ce sont ces mêmes schémas qui nous amènent à jouer des « variations sur un même thème » avec nos enfants.
Dans mon précédent exemple, il est probable que mon amie ait élaboré, enfant, une stratégie pour se protéger de la souffrance d’être rejetée. Une sorte de bouée de secours a dû se mettre en place, anesthésiant son cœur à chaque nouveau rejet. Ainsi, quand les adultes coupaient le lien avec elle, son schéma de secours (« ne ressentons plus rien! ») venait automatiquement la protéger de la souffrance. Quand elle s’est sentie rejetée par son fils, la stratégie qu’elle avait mise en place enfant s’est activée, la mettant à l’abri de la souffrance en même temps qu’elle la mettait dans le rôle de l’adulte qui rejette.
Comment sortir de ce cercle vicieux?
Un travail d’accompagnement est pour moi la meilleure manière de désamorcer les schémas de protection que nous avons mis en place, et c’est un merveilleux cadeau que nous pouvons faire à nos enfants. (Voici des témoignages de personnes qui se sont offert un accompagnement)
Voici quelques étapes pour commencer à cheminer de manière autonome:
Lorsque mon enfant appuie là où ça fait mal…
1. J’accueille mon ressenti, plutôt que de le fuir…
Qu’est-ce que je ressens? Comment cette émotion se manifeste-t-elle dans mon corps? Est-ce que je peux la regarder, et la respirer, tranquillement?
2. Je prends conscience de l’effet miroir.
De quoi est-ce que cette situation me parle? Pourquoi est-ce que je suis touché à ce point? Qu’est-ce que ça me rappelle? Est-ce que j’ai ressenti cela, enfant?
3. J’accueille mon enfant intérieur s’il se manifeste. (Voir cet article, et… pensez à télécharger les 12 clés pour accueillir son enfant intérieur, là, à droite!)
4. Je prends conscience des croyances que j’ai mises en place pour me protéger.
Comment me suis-je protégée, lorsque, enfant, je ressentais cela?
5. Je transforme ces croyances. (Pour en savoir plus, relire cet article)
Une fois ce travail effectué, je constate que je ne suis plus aussi stimulée lorsqu’un de mes enfants cherche à appuyer là où ça fait mal… justement parce que ça ne fait plus mal. Ma réaction ne jaillira plus d’une blessure, mais d’un endroit calme de moi-même.
Par conséquent, le schéma relationnel basé sur cette blessure n’aura plus lieu d’être, et au bout d’un moment mon enfant cessera d’essayer de le réactiver. Mais il aura bien d’autres boutons sur lesquels appuyer, et cela me donnera l’occasion d’aller guérir d’autres blessures (merci les enfants: vous êtes nos meilleurs formateurs ! )
Il n’en reste pas moins qu’il existe tout de même un versant « éducation », et nous avons tous envie de transmettre à nos enfants les valeurs qui nous sont chères, et un cadre qui puisse les aider à s’épanouir dans le monde. Je consacrerai mon prochain article à ce sujet.
Si cet article vous a interpelé(e), intéressé(e), questionné(e), stimulé(e), agacé(e)… n’hésitez pas à laisser un commentaire!
A bientôt,
La Fannette
Hi, Fannette,
ok pour le travail sur soi et les techniques, mais je ne vois rien en ce qui concerne la réponse directe au gamin, parce que bien sûr il n’est pas acceptable de subir des « insolences » on se rappelle bien que ce peut-être aussi un signal qui peut attirer l’attention dans une autre direction, celle de besoin de limites et cadre, il me semble qu’il ne faut pas faire l’impasse sur ce versant.
Bon, j’espère que ton amie (les conjoints et pères sont aussi réclamés au parloir! trouvera avec son ado une ligne de conduite qui puisse apaiser ces moments tendus.
Bises,
Cécile
Coucou Cécile,
OUiiiiii, il en manque un bout. En fait, j’ai tellement la confiance que la situation se désamorce quand on travaille sur le conflit intérieur, que cela me paraît trop évident. Je te remercie d’avoir pointé cela, et je m’en vais de ce pas ajouter un petit paragraphe à mon article !
Bises,
Fanny
Bonjour,
Maman depuis 1 semaine, je me retrouve en plein dans la situation décrite dans l’histoire indienne de la newsletter du jour! Très intéressant, et j’ai lu avec intérêt cet article. Je vais aller consulter le lien indiqué. Merci
Bonjour Caroline et merci pour votre témoignage ! Bienvenue dans le monde des parents !
N’hésitez pas à partager sur ce blog de vos questionnements vos suggestions: je tâcherai d’y répondre par des articles ciblés, ou par mail.
Bonne suite à vous,
La Fannette