à quoi servent nos ruminations mentales et nos projections négatives?

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On a beau savoir que les idées négatives nous tirent vers le bas, que la mauvaise humeur appelle la mauvaise humeur, on a beau connaître toute cette histoire de cercle vertueux et de cercle vicieux, on continue à ruminer, à faire tourner dans notre tête un petit moulin à broyer du noir…

alors, pourquoi?

et surtout… pour… quoi?

De la même façon qu’un enfant continuera de nous solliciter s’il a besoin de quelque chose, même (et surtout) si on l’ignore, nos petites voix déprimées n’auront de cesse de nous encombrer la tête tant que nous n’aurons pas tourné notre attention vers elles.

Comment accueillir ces idées noires,

et comment décrypter leurs messages?

-Les pensées liées à la peur

Imaginer un accident de voiture au moindre retard de notre conjoint ou de notre enfant n’est pas dramatique. Sauf si on alimente le scénario. Car dans ce cas, on finit par ressentir une inquiétude bien réelle. Qui se meut en panique si on continue à fournir des images horribles à notre cerveau.

Les pensées que l’on donne à notre cerveau sont comme le bois que l’on donne au feu. Nos émotions sont le contenu de la marmite qui est sur le feu. Au départ, on a une petite peur dans notre marmite. Après un film bien noir projeté par notre imagination, on a une épouvante sans nom. Qui peut nous amener à diffuser autour de nous une panique objectivement infondée, et potentiellement dangereuse.

Plutôt que de nous occuper d’alimenter le feu, occupons-nous du contenu de la marmite. Goûtons, même: quel goût a cette soupe à la peur?

Très souvent, la peur me parle d’un manque de sécurité. Nommer cette sécurité, ce besoin d’être rassurée, me permet d’assaisonner ma soupe, avec ces mots qui me font du bien: sécurité, être rassurée. Ce que je vais ajouter comme bois sous ma marmite maintenant sera en lien avec ces mots… sécurité, être rassurée… et les images qui me viennent maintenant alimentent un calme intérieur, qui éventuellement peut m’amener à prendre une décision à partir de mon centre.

Dans cet exemple, mes projections négatives m’auront servi à me connecter à une assise intérieure à partir de laquelle je peux agir sans panique.

-Les pensées liées à la culpabilité

Ressasser ce que j’aurais dû faire, ce que je n’aurais pas dû faire, paraît à priori vain et plombant. Pourtant, si je continue de ressasser, c’est qu’une part de moi a besoin d’être entendue.

Ou plutôt deux, puisque la culpabilité est un conflit entre deux parts: l’une est reliée aux besoins insatisfaits par l’action que j’ai faite (ou pas faite), l’autre est reliée aux besoins que j’ai cherché à satisfaire en faisant (ou ne faisant pas) cette action. C’est cette dernière part qui va se défendre et se justifier, quand l’autre va accabler et reprocher.

Ces reproches sont importants à entendre, toujours sans les alimenter. Ils vont me permettre de me relier à des aspirations fondamentales pour moi.

Par exemple, Rodolphe a passé une heure sur Facebook alors que sa fille Tania réclamait son attention. Tania s’est finalement rabattue sur son portable, auquel elle est restée rivée toute la soirée. Quand Rodolphe lui a finalement signalé qu’il était disponible pour passer du temps avec elle, Tania était prise dans une conversation passionnante par SMS, et elle ne lui a pas répondu. Il s’est maudit d’avoir raté l’occasion de partager un moment avec sa fille, se reprochant sa futilité. Si Rodolphe prend le temps d’accueillir ces reproches, il pourra mesurer combien c’est important pour lui de nourrir la connexion avec sa fille. Il verra aussi que c’est important pour lui de se détendre. Mettre ses besoins en lumière, les accueillir et les accepter comme légitimes lui donnera accès à plus de conscience dans sa manière de les nourrir. Certes, il aura raté un moment avec sa fille, mais il aura acquis, à partir de cette expérience, un regard plus conscient sur ce qu’il a réellement envie de vivre.

 -Les pensées liées au ressentiment

Très souvent, on en veut à quelqu’un lorsqu’il y a eu un défaut de considération ou de respect. Les pensées: on m’a fait ci, on m’a fait ça, appellent à accueillir un endroit de nous qui s’est trouvé victime d’une forme d’invasion ou d’abandon. Ce qui peut aider à transformer ces pensées qui donnent le pouvoir à l’autre (et du coup me dépossèdent de ma capacité à rebondir) est de questionner ma propre responsabilité:

  • comment en suis-je arrivée à ne pas me respecter à ce moment?
  • qu’est-ce qui s’est mis en place en moi pour que je ne parvienne pas à poser mes limites?
  • qu’est-ce que je réclame à l’autre que je n’arrive pas à me donner à moi-même?

 

Une fois que j’ai pris conscience de ma responsabilité, je suis déjà plus à même d’envisager une nouvelle attitude à poser par la suite.

Bien entendu, lorsque mon ressentiment s’appuie sur des événements de mon enfance, je ne peux demander à mon enfant intérieur de prendre la responsabilité des moments où il y a eu abus ou abandon. Dans ce cas, une aide extérieure est souvent nécessaire pour aller à la rencontre de mon enfant intérieure et transformer ce qui appelle à l’être.

 

En conclusion, les pensées négatives ne sont pas à jeter, ni à garder telles quelles: une fois recyclées, elles font un carburant précieux pour évoluer.

 

Si vous connaissez d’autres méthodes de « recyclage », n’hésitez pas à laisser un commentaire!

Au plaisir,

La Fannette

2 Comments

  • Magnifique comme d’habitude.
    J’aime ta pédagogie qui est si soutenante.
    Ça faisait longtemps, très longtemps que je n’étais pas passée par ton blog, je me réjouis de l’avoir fait et de redécouvrir la finesse de tes propos pour transcrire ce qui nous traverse et nous questionne tant.
    Merci Fanny

    • Merci Béa pour ce commentaire encourageant!
      Lire ce genre de retours me connecte au sens de continuer à partager…
      Au plaisir,
      Fanny

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