Les petits jeux de l’ego: 1- vouloir avoir raison

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Cet article inaugure la série des « petits jeux de l’ego », dont le but est…

  • de mettre en lumière les stratégies qu’adopte notre adorable ego pour nous mener par le bout du nez,
  • de contrer ses tentatives tout en le rassurant.

 

Vouloir avoir raison…

quelle tentation ! Surtout quand on est persuadé jusqu’à la moelle que l’autre a tort!

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’avoir raison ou tort est un débat qui se situe uniquement sur le plan des croyances et de l’ego, et non pas sur le plan du vivant.

Souvent, l’enjeu n’a rien à voir avec le sujet du débat.

Prenons un exemple :

-Un débat oppose des parents, les uns sont persuadés que les punitions sont nécessaires, et au service des enfants, les autres affirment qu’elles ne font qu’humilier et abaisser, et ne résolvent rien.

Si l’on se place sur le plan des croyances et de l’ego, on peut argumenter très longuement, et finalement se sentir coupés les uns des autres. Si l’on choisir de se placer sur le plan du vivant, et donc d’exprimer ses sentiments et ses besoins, on peut se rejoindre.

Voici ce que cela pourrait donner, à partir de notre exemple:

1) Les personnes qui participent à l’échange se placent sur le plan de l’ego.

-Je n’arrive pas à comprendre que vous utilisiez la punition. De plus en plus d’études prouvent que c’est inutile et néfaste, et que les enfants sont plus enclins à coopérer quand ils se sentent respectés.

-Où veux-tu en venir? tu crois que je ne respecte pas mes enfants, parce que je leur mets des limites?

-En un sens, tu ne les respectes pas. La punition les humilie, et ne les met pas du tout en face de leur responsabilité.

-Et toi, tu crois que tu respectes tes enfants, en les laissant tout faire? Ils n’ont aucun cadre, franchement je les plains.

-Tu confonds punition et cadre. C’est complètement différent. Et tu vois bien que, contrairement aux tiens, mes enfants savent résoudre leurs conflits sans venir nous faire suer toutes les cinq minutes, comme les tiens.

etc, etc… jusqu’à la rupture.

La discussion va devenir de plus en plus aigre, surtout si on vient la pimenter avec des reproches et des accusations puisées dans des souvenirs forcément subjectifs. Résultat: les acteurs du dialogue se sentent coupés les uns des autres, en colère, et continuent de ruminer une fois la discussion close. Ils se voient comme des ennemis, posent des étiquettes les uns sur les autres (les laxistes et les violents).

2) Les personnes qui participent à la discussion se placent sur le plan du vivant (ce que j’observe, ce que je ressens ici et maintenant, les besoins que je sens vivants, l’ouverture à ce qui est vivant pour l’autre).

-Quand je te vois mettre ta fille au coin, vraiment je me sens triste, j’ai de la peine pour elle. C’est tellement important pour moi que chacun soit accueilli tel qu’il est, avec bienveillance. Comment tu prends ce que je te dis?

-Je suis archi vexée. Je fais tout mon possible pour éduquer ma fille selon mes valeurs, et quand tu me dis ça, justement, j’ai vraiment besoin d’être accueillie telle que je suis, avec bienveillance ! Est-ce que tu réalises que tu es en train de me juger?

-C’est difficile pour toi d’accueillir ce que je te dis ?

-Ben oui, tu juges ma façon d’éduquer ma fille, quand même ! J’aimerais bien t’y voir, toi, avec une gamine hyperactive qui fait bêtise sur bêtise !

-Tu aimerais que je prenne la mesure de ce que tu vis avec elle?

-Oui, j’aimerais bien, moi aussi, recevoir la bienveillance que je suis sensée toujours offrir à mes enfants. J’en peux plus, je suis au bout du rouleau, et pour moi, mettre ma fille au coin parce que je pète un câble devant ses déboires est un moindre mal, étant donné mon état intérieur. J’ai plus envie de me féliciter de ne pas l’avoir giflée, que de me blâmer de l’avoir punie, tu vois.

-Oui, en fait, pour toi la coupe est pleine, tu as un énorme besoin d’empathie?

-Carrément, je suis complètement à bout, et j’aimerais mieux des encouragements plutôt que des jugements!

etc, etc… jusqu’à la résolution.

On voit bien que l’ego n’est jamais loin, et tente de nous reprendre le jeu des mains… (surtout pour la personne qui a le plus besoin d’empathie). L’enjeu est justement de revenir, régulièrement, à l’ici et maintenant, ce qui est vivant pour moi, ce qui est vivant pour toi. Et très vite, on se rend compte qu’en face de soi, on n’a pas un ennemi, mais un être humain vulnérable, comme nous, qui a besoin d’être accueilli avec bienveillance, comme nous.

Bien sûr, tout n’est pas rose, le plan de la communication authentique n’est pas celui des bisounours. De même que ce qui est vivant n’est pas uniformément rose…

finalement, le choix devant lequel on se trouve est le suivant:

je préfère…

rester en lien avec une idée, ou rester en lien avec la vie ?

Que vous inspire cet article? N’hésitez pas à laisser un commentaire!

à bientôt,

La Fannette

2 Comments

  • Cela me fait penser à une phrase d’Isabelle PADOVANI (qui reprend peut-être Marshall Rosenberg) « est-ce que j’ai envie d’avoir raison ou d’être en lien? » Cette petite phrase peut parfois m’aider à prendre du recul sur une situation conflictuelle…

    • Merci Marie-Laure d’avoir partagé cette phrase magique (qui au départ, c’est vrai, est de Marshall) ! elle me sert beaucoup aussi !

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