

âge du non: 3 pistes!
« L’age du non », la « phase d’opposition », qui survient généralement un peu avant les 2 ans de l’enfant, a fait couler beaucoup d’encre. On nous explique qu’il s’agit d’une période importante, puisque l’enfant prend conscience de son individualité, et de sa capacité à faire des choix, et qu’il est primordial pour l’enfant de se sentir écouté et en même temps cadré par ses parents.
Je ne remets pas en cause ce point de vue.
Ceci dit…
J’ai dernièrement travaillé sur la notion de consentement, dans le cadre d’un spectacle. Il m’est alors venu comme une évidence que l’âge du non est en fait l’âge de l’apprentissage du consentement.
En effet, on peut constater que la plupart du temps, l’enfant exprime sa désapprobation pour des enjeux qui concernent directement son intégrité physique. Les choix qu’il revendique concernent la plupart du temps sa relation à son corps: son habillement, les contacts avec les autres humains, la nourriture…
Il me paraît donc primordial de rassurer l’enfant sur le fait qu’il est un être séparé de nous, qu’il a effectivement son individualité, et qu’il est en capacité de faire des choix pour ce qui le concerne.
Concrètement, comment peut-on à la fois respecter ces besoins d’autonomie et de liberté, et les engagements inhérents au rythme du quotidien?
Je vous propose trois pistes:
- Reformuler le « non »: à quoi notre enfant dit « oui »?
La reformulation n’est pas le réflexe qui nous vient spontanément, surtout lorsqu’on a grandi dans un système basé sur la domination adulte. Mais avec un peu d’entraînement, on finit par trouver ça naturel. Le premier pas à faire, c’est de changer le premier mot de notre phrase. Au lieu de « Si! » ou de « Mais… », on va commencer par « OUI! », et ensuite, ça coule tout seul: « Oui, tu aimerais jouer avant de manger… » « Oui, c’est important pour toi de terminer ton dessin avant la toilette… », etc, etc. Bien sûr, en mettant l’énergie qui va avec: avec mon « oui », je suis avec toi, je cherche à te comprendre.
- Puis exprimer ce qu’il en est pour soi, authentiquement, et sans « mais », car il n’y a pas d’opposition entre tes besoins et les miens. Ce n’est pas « oui, tu aimerais jouer, mais ce n’est pas le moment. » mais plutôt « oui, tu aimerais jouer, et de mon côté, j’ai hâte de pouvoir me reposer », et proposer un choix.
« Tu préfères jouer dans ta chambre ou rester ici sans faire de bruit? »
« Tu préfères manger maintenant un repas chaud, ou finir ton jeu et manger froid? »
- On peut aussi faire confiance à la créativité de notre enfant: si on ne trouve pas de solution, notre enfant en a peut-être une sous le coude!
« Tu as envie de rester jouer dehors, et j’ai hâte de rentrer parce que je pense au repas à préparer. Comment on peut faire? »
Souvent, on est surpris par les solutions proposées par les enfants, qui ne sont pas contraints par autant de croyances et de critères de bienséance que nous.
En conclusion, accepter que notre enfant soit dans une phase d’expérimentation de son individualité, et qu’il teste donc sa capacité à être libre et autonome, n’est pas incompatible avec une relation paisible. Un enfant qui est compris et écouté sera d’autant plus coopératif, si tant est qu’on reste authentique. (Sur l’importance de l’authenticité avec les enfants… article à venir!)
Bonnes expérimentations à vous, et à bientôt pour un nouvel article!